Si les chats disparaissaient du monde…

On vendrait moins de livres, c’est sûr. Une savante mise en avant en librairie, un adorable chaton aux grands yeux assorti d’un titre d’un titre poétique et un poil provocateur… Avec moi, le marketing a fonctionné du tonnerre du Diable.

Parlons-en, du Diable. Dans ce premier roman du réalisateur et producteur Genki Kawamura, il apparaît en invité non-désiré du narrateur, avec un étrange pacte. Le narrateur, lui, n’est pas au mieux de sa forme: à trente ans, il vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer incurable et que ses jours sont comptés. Et presque sur les doigts de la main. Le Malin, d’une chemise hawaïenne vêtu, lui propose de supprimer chaque jour une chose de la surface de la Terre. Et pour chaque chose disparue, le jeune homme gagnera une journée de vie supplémentaire. En énumérant toutes les choses inutiles de notre monde, le jeune facteur – c’est son métier- accepte.

En nouant ce pacte, le narrateur entame une réflexion sur son rapport (et celui de la société) au monde et à la consommation (a-t-on vraiment besoin de téléphone, de loisirs… de chats?). Peu à peu, il retourne à l’essentiel, au sens de sa propre vie.

Ce chemin initiatique, s’il est connu et un peu attendu, n’en est pas moins plaisant et sert à merveille l’excellente construction de ce petit texte. A chaque nouveau chapitre, j’étais curieuse de savoir ce qui allait être détruit par le Diable et les conséquences de ces disparitions.

Outre un style simple et efficace, le procédé d’identification fonctionne très bien. Les questions du narrateur sur la vie, la mort et d’autres considérations plus ou moins philosophiques sont universelles. Sous une petite musique ronronnante, ce joli livre a la mérite de toucher à des interrogations existentielles.

Ha, et c’est drôle. Ce qui ne gâche rien, même dans une histoire de cancéreux en fin de vie.

Facétieux, mignon, inoffensif, propre (je crois) et plein d’amour: tu peux adopter ce roman sans arrières-pensées.