
J’ai attendu un petit moment avant de regarder La vie devant soi de Edoardo Ponti, disponible sur Netflix. Tout simplement parce qu’il me fallait finir le roman éponyme de Romain Gary (publié sous Émile Ajar) dont est tiré le film. Cela n’aurait pas été nécessaire, tant le film ne reprend qu’une infime partie du propos pour l’adapter et le transposer dans des questionnements peut-être plus contemporain. D’ailleurs, le film ne se revendique que librement adapté du roman. De Paris, l’action déménage au Sud de l’Italie, dans les Pouilles. Et se concentre sur la relation entre Momo et Madame Rosa.
Madame Rosa est une vieille femme, survivante de l’Holocauste, qui gagne sa vie en gardant les enfants des prostituées du quartier. Elle rencontre Momo une première fois quand il lui dérobe des chandeliers en argent (les lecteurs du livre apprécieront la référence), et une seconde fois quand le Dr. Coen lui demande de prendre soin du jeune garçon. D’abord réticents à l’idée de cohabiter, Madame Rosa et Momo vont apprendre à se connaître et se lier d’affection.
Evidemment, ce long-métrage (pas si long, 1h30 environ) souffre de la comparaison avec le texte de Romain Gary, plus profond, plus inattendu. C’est pour cela que j’aurai tendance à les juger comme deux oeuvres différentes, car le film est plein de qualités. Une narration simple et claire, des personnages hauts-en-couleur, une mise en scène efficace. Un Momo (Ibrahima Gueye) charismatique, certes moins attachant que le narrateur du livre (promis, j’arrête !) mais avec un arc de personnage plutôt bien réalisé. Le grand atout du film est la présence solaire de Sophia Loren. Retrouvant le devant de la caméra pour son fils, Edoardo Ponti, elle campe une Madame Rosa à l’air sévère mais l’oeil rieur, naviguant entre l’autorité naturelle de son personnage et ses faiblesses.
Même si le résultat manque un peu d’ambition, le film La vie devant soi version 2020 reste une histoire attachante et bien racontée.