Dans un paysage abandonné du fin fond de l’Alaska, une tempête fait rage. Contre toute logique, Bess quitte la maison et sort avec le petit Thomas. Une seconde d’inattention, et le garçon disparaît dans la neige. Les quelques habitants du coin se mettent à sa recherche…

Un roman choral

On suit dans cette tempête quatre personnages dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est leur nom. Bess. Benedict. Cole. Freeman. Chacun leur tour, ils prennent la parole d’un chapitre un l’autre, l’histoire avançant au fil de leurs pensées. Cette construction favorise l’identification du lecteur aux personnages : pendant le premier tiers du livre, on est un plein brouillard, inquiet pour l’enfant disparu. Et puis, l’auteur sème des indices, montre des branches où se raccrocher, des silhouettes se dessinent, des caractères se forment.

La disparition de l’enfant, si elle reste inquiétante, s’efface au profit d’autres mystères sur les différents personnages, les raisons de leur présence dans ce coin paumé d’Alaska, les liens qui les unissent, les secrets qu’ils portent. Construit comme un thriller, ce roman manie à la perfection le suspens. Il se lit d’une traite et certains pourrait être tentés, comme je l’ai été, de le relire dans la foulée afin de découvrir l’intrigue à la lumière de ce qui a été révélé.

Chercher l’enfant, chercher le père

Mais plus qu’une habilité à nous tenir en haleine, « Blizzard » possède une vraie profondeur dans les thématiques qu’il convoque dans ce désert glacial. Dans plusieurs interviews, Marie Vingtras a évoqué le thème de la culpabilité, un sentiment partagé par tous les personnages. Plus que la tempête, ce sont leurs fautes qui les empêchent d’avancer.  Il y a surtout la question de la transmission des pères à leurs fils, comme si, en creux du texte, le blizzard soufflait : « qu’est-ce que c’est, être un homme ? ».