Attention, Maîtres chanteurs – un spectacle de Raphaëlle Farman et Jacques Gay

Un lundi soir, devant la salle centrale de la Madeleine, dans la rue de cette même Madeleine où seuls s’aventurent quelques passants… Me serais-je perdue? Que nenni, c’est en toute connaissance de cause que je passe la porte. Après avoir été éblouie par Si Molière… m’était chanté !, j’ai très envie de découvrir le spectacle à succès de la Comédie Lyrique, qui a déjà enchanté Genève en décembre 2019.

Depuis la création de la Comédie Lyrique, les chanteurs Raphaëlle Farman et Jacques Gay inventent et mettent en scène des spectacles pluridisciplinaires, mêlant théâtre, danse, humour, musique classique, musique populaire et opéra, bien sûr. L’un des buts de ces farces burlesques est de célébrer tout en rendant accessibles de grands airs d’opéra. A ce jeu-là, les chanteurs sont passés maître.

Ils ont les moyens de vous faire chanter…

Sur scène, on fait la connaissance de Monsieur (Jacques Gay) et Madame (Raphaëlle Farman) Dugosier de la Glotte, de leur fils Valentin (le pianiste facétieux Fabrice Coccitto) et de leurs domestiques (Lysa Menu et Clément Buchon). La maisonnée est en ébullition: les choristes bulgares qui devaient participer à leur spectacle annuel sont bloqués à la frontière. Impossible cependant d’interpréter Verdi ou Bizet sans le chœur d’opéra… Qu’à cela ne tienne, le public fera bien l’affaire! Grâce à la magie de la technologie, un écran fait défiler les paroles. Une riche idée, qui permet à ceux qui le souhaitent de partager les envolées lyriques de la troupe.

Un voyage musico-historique

C’est ainsi en tant que spectateur et protagoniste que le public assiste à ce spectacle étonnant construit comme une suite de saynètes suivant les Dugosier de la Glotte et leurs domestiques à différentes époques historiques. Si le procédé peut sembler répétitif, la Comédie Lyrique réserve assez de surprises pour que l’on se laisse embarquer avec délice dans ce tourbillon enchanté. Chaque épisode montre des personnages hauts en couleur, en costume et surtout en voix!

Le public rit beaucoup, reprenant à peine son souffle entre deux calembours qui s’enchaînent à un rythme effréné. Certains jeux de mots et effets passent mieux que d’autres, mais l’ensemble reste charmant et intelligent. Le coup de génie des auteurs est de mélanger les références classiques et populaires, passant d’Offenbach à Eddy Mitchell ou Star Wars, de l’opérette à la variété internationale et parodiant avec malice les refrains les plus connus.

Les fous chantants

Le spectacle offre aussi de petits moments d’émotion, notamment lors de jolis duos de femmes où les deux sopranos accordent leur voix tout en douceur. J’emporte aussi précieusement un délicieux numéro de claquettes et la ferveur du public reprenant le refrain de Charles Trenet « Y’a d’la joie ».

Sous des allures de comédie musicale bouffonne, « Attention, Maîtres chanteurs! » rend un hommage subtil et sincère au monde du music hall. Pendant 1h30, les cinq artistes de la Comédie Lyrique saluent ces compositeurs de génie pour leurs mélodies intemporelles. On en ressort les pupilles brillantes, le cœur léger et avec une folle envie de chanter du soir au matin. Ma salle de bain se réjouit déjà…


Attention, Maîtres chanteurs ! à la salle centrale de la Madeleine, du 24 au 26 février 2020, 20h30. Informations et réservations sur le site de la Comédie Lyrique.