Dans le monde d’Alangatzi où cohabitent magie, dragons et technologies avancées, deux puissants empires s’enlisent depuis des années dans une guerre impitoyable. Très loin des conflits, un bateau est pris dans une tempête. À son bord trépigne Yul, une orpheline de guerre devenue soldate et déterminée à se venger de l’Empereur de Hol qui est responsable de la disparition de sa famille. Dans un premier temps, elle a été chargée de tuer le prince Silqat, l’hériter de Shama-Taya. Mais son navire fait naufrage et elle échoue sur une île inconnue, grâce au concours des dragons protecteurs de l’archipel. Elle y est secourue par un médecin dont elle comprend rapidement qu’il n’est autre que Silqat, sa cible…

Une structure qui manie le suspense et l’émotion

Soyons honnête : je ne lis presque pas de fantasy. Plus parce que d’autres genres ont ma priorité que par manque d’intérêt. Ce qui m’a motivée à lire La Voie des Dragons est que Esther Thomas-Yvanes m’a confiée s’être inspirée – entre autres – de certains jeux vidéo et que cette filiation m’a permis de me repérer plus facilement. On en retrouve en effet quelques tropes, comme un personnage principal qui débarque dans un nouvel univers (ici l’archipel de Shama-Taya), devenant ainsi les yeux du lecteur à la découverte du monde et de son fonctionnement. Ce procédé est appuyé par une narration interne pour les chapitres concernant Yul, facilitant notre immersion dans le monde d’Alangatzi.

Les autres chapitres prennent un point de vue externe, permettant de suivre d’autres personnages à différents lieux de l’intrigue. Ce système, simple mais efficace, nous permet d’avoir constamment une vision claire des enjeux sociaux et politiques qui rythment le récit. Les questions entourant le mana, la Flamme d’Argent, et les bladzis sont bien exposées et résonnent avec notre actualité.

Des personnages attachants

Avec ces différentes régions, cités et personnages hauts en couleur, l’auteure réussit à composer un monde riche, nuancé et convaincant. J’ai en effet particulièrement apprécié les deux personnages principaux, Yul et Silqat. Ils ne sont pas présentés comme des héros tout puissants, mais comme des personnes ordinaires qui sont confrontées à des situations difficiles dans lesquelles ils vont devoir, malgré leurs failles, faire des choix et prendre leurs responsabilités. Yul est dans un premier temps motivée par sa vengeance. Mais sa détermination n’est pas à toute épreuve, et elle apprendra à se remettre en question et à écouter ses aspirations. Quant à Silqat, il prend ses rôles de prince puis de roi presqu’à contrecœur, rien dans son caractère ne le destinant à autant de responsabilités. Cette fragilité est rafraîchissante dans un récit qui manie des enjeux gigantesques. Leur relation est également très bien développée, même si j’ai regretté que les deux ellipses temporelles nous privent de certains approfondissements.

L’autre force du roman est la clarté de sa narration. À l’exception des tous premiers chapitres, qui souffrent d’une accumulation d’informations nécessaires pour présenter l’univers, le roman se lit très facilement. L’auteure prend soin de nous distiller les nouvelles données et péripéties à bon escient. Le style est fluide et agréable à lire, même s’il pourrait, à mon sens, être allégé et resserré par endroits.

La Voie des Dragons reste une lecture agréable, un premier roman riche et haletant, et je suis curieuse découvrir de nouvelles aventures sur Alangatzi… ou ailleurs ! Esther Thomas-Yvanes – qui est également illustratrice – a d’ailleurs plusieurs projets en cours, à découvrir sur son site.

 

Esther Thomas-Yvanes, La Voie des Dragons, 394 pages2024.
Le livre est disponible sur Amazon en version numérique, broché et relié.