
Si on n’attire pas les mouches avec du vinaigre, on attire très facilement la Rêveuse Chronique avec une reprise de Salut les amoureux, ma chanson préférée de Joe Dassin. Une simple story postée sur le compte de @mistermatofficiel et me voici à taper fébrilement le nom de l’artiste dans mon application de musique.
D’Instagram à Deezer en passant par Dassin
Avec la voix rauque de Mister Mat, au sein de laquelle bienveillance, lassitude et amertume colorent tour à tour les notes de la balade folk, la magie opère. Mister Mat se fond dans le phrasé de Dassin mais laisse échapper de jolies intonations qui disent le bonheur qu’il a à s’approprier le texte. Mais à peine s’envole le dernier accord que la douceur des cordes et le profondeur de la voix du titre suivant m’agrippent. Et un vers me serre la gorge:
« Mourir d’amour
C’est quand même mourir »
C’est simple, ça a déjà été dit, mais cela tombe ici si bien, si juste. Vite, je remets le disque au début, et plonge dans 40 petites minutes d’éternité.
Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?
Mister Mat, je l’avais découvert pendant le confinement, avec son premier album solo, Désespérément optimiste. Jusqu’en 2018, l’artiste voironnais a incarné la moitié du duo Moutain Men pendant 15 ans. J’avais croché en premier sur sa voix puissante et rocailleuse, m’étais laissé entraîner par quelques mélodies, surtout sur les titres « Désespérément optimiste » et « Jouer dans le vent ». Du bonheur en retard est un cran au-dessus, tous les titres sont redoutablement efficaces.
Du bonheur en barre
Commençons par le titre éponyme, « Du bonheur en retard »: ambiance joyeusement country, grain de voix malicieux, et un texte sautillant de jeux de mots en expressions idiomatiques et métaphores inspirées. Je pourrais citer en citer l’intégralité, mais voici quelques vers bien tassés:
« J’ai du bonheur en kit
Monté à la va-vite
Qui ne durera pas plus
Qu’un meuble suédois
J’ai du bonheur cassé
Qui peut se réparer
Qui peut se rattraper
Dans un ultime essai »
Du bonheur en barre, sérieux. (oui, je l’assume!).
Quelques cordes de guitare
Mister Mat nous cueille aussi sur des mélodies douces et mélancoliques aux textes puissants de simplicité. Avec “Des villes et des visages”, sorte de ballade-manifeste, il nous raconte sa vie sur les routes:
« J’ai chanté ma vie à m’en briser la voix
J’ai cherché qui je suis et je n’ai trouvé que moi »
Un peu cousines, presque mystiques, « Oh garde moi » et « Tu parles d’éternité » partagent cette capacité à émouvoir en quelques mesures soutenant une prose à fleur de peau où se côtoient amour et mort. On n’est pas bien loin de la perfection.
Ajoutons les influences blues, la gouaille et l’humour de Mister Mat, et l’on obtient un petit bijou de disque dont chaque titre est comme un baume pour recouvrir les failles de l’existence. A l’écouter, j’ai envie d’être à nouveau heureuse. Désespérément.